Une analyse d’André Delage, journaliste
et conseiller en communication retraité
Les employés du
journal Le Soleil ont fondé une coopérative pour reprendre en main
l’administration en faillite du groupe Capitales Médias, propriétaire de cinq
autres journaux régionaux au Québec.
Le juge chargé du dossier a donné son accord pour le choix
du repreneur. Les créanciers devront aussi se prononcer sur le plan de remboursement des dettes de l’ancienne administration
du journal. La Cour supérieure devrait ensuite entériner l’entente finale au
cours du mois de décembre 2019.
Des défis à surmonter
Des énormes défis attendent en 2020 les nouveaux
administrateurs de la coopérative formée des actuels journalistes, mais aussi
d’employés de tous les autres secteurs du journal. Parmi ces défis, on n’a à
penser aux coupures importantes de personnels qui devront être effectuées pour contrôler
des dépenses récurrentes mensuelles que le journal doit actuellement assumer pour
assurer sa publication et sa diffusion. Ces coupures vont surtout viser la
salle de rédaction. D’une centaine de journalistes, ce nombre devrait être
ramené à environ 50%.
Dans une deuxième phase de restructuration, les nouveaux
administrateurs devront analyser en fonction des actuels revenus publicitaires
qui ont fortement diminué au cours des dernières années, la possibilité de
continuer à publier non plus sur du papier, mais uniquement sur le web. Comme
l’a fait il y a quelques années le journal La Presse.
Trouver de nouveaux revenus
Le conseil d’administration de la nouvelle coopérative du
Soleil devra aussi trouver de nouveaux revenus publicitaires en attendant que
les gouvernements provincial et fédéral taxent les géants d’internet et des
réseaux sociaux (Apple, Amazon, Google, Facebook et Twitter) qui accaparent maintenant
plus de 80% des revenus de la publicité. Le montant de ce nouvel impôt provenant
des géants numériques serait ensuite remis aux médias en difficulté. Et, il
n’est pas certain que le conseil d’administration de la nouvelle coopérative du
Soleil puisse tirer son épingle du jeu, même s’il aura droit du gouvernement du
Québec, à d’importantes subventions et des crédits d’impôts sur sa masse
salariale.
Les retraités et les employés
actuels vont écoper
Enfin, le déficit du régime de pensions des employés du journal
va amener le conseil d’administration à diminuer d’environ un tiers le revenu
actuel versé à chaque retraité. Et fort probablement, à augmenter de façon
importante les retenues à la source des employés encore au travail au Soleil, pour
assurer la viabilité de l’actuel fond de pension des employés. Si le
gouvernement fédéral apporte aussi son aide aux autres journaux canadiens en
déficit comme ceux de Capitales Médias, il faudra que cette aide se concrétise
très rapidement. Car, c’est grâce à l’aide financière des gouvernements par le
biais des impôts des contribuables que le Soleil pourra survivre mais, pour
encore combien de temps ou tout simplement...disparaître. Les prochains mois seront
donc cruciaux pour son avenir.
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