Pour attirer des
diplômés en soins infirmiers dans les établissements de santé du Québec et
rendre la profession beaucoup plus attrayante, la solution passe par un allégement
du lourd fardeau de travail effectué actuellement par le personnel infirmier.
De plus, il faut mettre fin au régime des heures supplémentaires
obligatoires après les quarts de travail réguliers de huit heures. Les postes
permanents vacants ou nouveaux ne seront jamais comblés, si on continue à n’instaurer
aucun ratio quant au nombre de malades qui doivent être sous la responsabilité
des infirmières, que ce soit pour les horaires de jour, de nuit ou de fin de
semaine.
À titre d’exemple, il est clair qu’en raison d’un manque
d’effectifs, on ne peut exiger d’une infirmière ou d’un infirmier en service
dans un centre hospitalier et de soins de longue durée (CHSLD) qu’ils aient la
charge de 20 ou 25 patients pendant leurs quarts de travail normaux de huit
heures. Surtout, lorsqu’il y a parmi ces patients des cas «lourds» soient des personnes
qui nécessitent beaucoup plus d’attention et de présence du personnel. Il est
inhumain et inimaginable de forcer une infirmière à prendre plus de patients
qu’elle ne peut, parce que des préposés aux malades ou des infirmières ont
décidé pour des raisons de maladie ou autres, de ne pas se présenter pour
effectuer leurs quarts de travail. Pour régler ce problème récurrent, une liste
à jour des personnels disponibles (infirmières et préposés aux malades) devrait
être à la disposition des gestionnaires d’équipes dans les hôpitaux et les centres
hospitaliers et de soins de longue durée pour pouvoir intervenir rapidement,
lorsqu’il y a des situations particulières qui se présentent comme des épisodes
de grippe saisonnière et des débordements dans les urgences et les corridors des
hôpitaux. Ce qui permettrait à ces chefs d’équipes d’avoir rapidement tout le
personnel supplémentaire nécessaire pour répondre aux besoins immédiats.
Tant que la gestion actuelle des établissements de santé au
Québec va rester comme elle l’est, des infirmières devront encore continuer à
faire deux quarts de travail consécutifs et épuisants de huit heures avec tous
les risques d’erreurs possibles que cette situation comporte. Et, la fatigue,
la lassitude et le désespoir des infirmières vont continuer. Avec ces dures conditions
de travail, il est bien évident que peu de finissants en soins infirmiers sont
intéressés à occuper des postes dans les établissements publics de santé.
Alors, qu’attend-t-on pour corriger ces graves lacunes en
matière de main-d’œuvre et de gestion du personnel ? Le premier ministre du Québec, le Dr Philippe
Couillard, a affirmé que ce n'est pas une
question budgétaire. « On a les moyens, a-t-il dit au cours d’un point de
presse, pour régler le problème du manque d’infirmières ».