mardi 26 novembre 2019

L'AVENIR DU JOURNAL LE SOLEIL

Une analyse d’André Delage, journaliste 
                          et conseiller en communication retraité                                           

Les employés du journal Le Soleil ont fondé une coopérative pour reprendre en main l’administration en faillite du groupe Capitales Médias, propriétaire de cinq autres journaux régionaux au Québec.

Le juge chargé du dossier a donné son accord pour le choix du repreneur. Les créanciers devront aussi se prononcer sur le plan de remboursement des dettes de l’ancienne administration du journal. La Cour supérieure devrait ensuite entériner l’entente finale au cours du mois de décembre 2019.

Des défis à surmonter

Des énormes défis attendent en 2020 les nouveaux administrateurs de la coopérative formée des actuels journalistes, mais aussi d’employés de tous les autres secteurs du journal. Parmi ces défis, on n’a à penser aux coupures importantes de personnels qui devront être effectuées pour contrôler des dépenses récurrentes mensuelles que le journal doit actuellement assumer pour assurer sa publication et sa diffusion. Ces coupures vont surtout viser la salle de rédaction. D’une centaine de journalistes, ce nombre devrait être ramené à environ 50%.

Dans une deuxième phase de restructuration, les nouveaux administrateurs devront analyser en fonction des actuels revenus publicitaires qui ont fortement diminué au cours des dernières années, la possibilité de continuer à publier non plus sur du papier, mais uniquement sur le web. Comme l’a fait il y a quelques années le journal La Presse.  

Trouver de nouveaux revenus

Le conseil d’administration de la nouvelle coopérative du Soleil devra aussi trouver de nouveaux revenus publicitaires en attendant que les gouvernements provincial et fédéral taxent les géants d’internet et des réseaux sociaux (Apple, Amazon, Google, Facebook et Twitter) qui accaparent maintenant plus de 80% des revenus de la publicité. Le montant de ce nouvel impôt provenant des géants numériques serait ensuite remis aux médias en difficulté. Et, il n’est pas certain que le conseil d’administration de la nouvelle coopérative du Soleil puisse tirer son épingle du jeu, même s’il aura droit du gouvernement du Québec, à d’importantes subventions et des crédits d’impôts sur sa masse salariale.

Les retraités et les employés actuels vont écoper

Enfin, le déficit du régime de pensions des employés du journal va amener le conseil d’administration à diminuer d’environ un tiers le revenu actuel versé à chaque retraité. Et fort probablement, à augmenter de façon importante les retenues à la source des employés encore au travail au Soleil, pour assurer la viabilité de l’actuel fond de pension des employés. Si le gouvernement fédéral apporte aussi son aide aux autres journaux canadiens en déficit comme ceux de Capitales Médias, il faudra que cette aide se concrétise très rapidement. Car, c’est grâce à l’aide financière des gouvernements par le biais des impôts des contribuables que le Soleil pourra survivre mais, pour encore combien de temps ou tout simplement...disparaître. Les prochains mois seront donc cruciaux pour son avenir.