mardi 16 novembre 2021

POUR CONTRER LES FÉMINICIDES AU QUÉBEC : L’EXEMPLE DE L’ESPAGNE

Pour contrer les féminicides au Québec, les femmes en union libre ou mariées à un homme violent doivent adopter une règle de conduite pour mettre fin à l’agression physique qu’elles subissent parfois quotidiennement et qui peut aboutir à une hospitalisation et trop souvent à un meurtre.

À la première agression, la conjointe doit déposer une plainte à la police, afin qu’un rapport soit rédigé et que le conjoint soit rencontré immédiatement par des policiers. La conjointe ne devrait surtout pas attendre que d’autres agressions plus violentes se produisent. À plus forte raison si des enfants issus de l’union sont témoins et victimes des événements.
LE MODÈLE ESPAGNOL
L'Espagne est régulièrement citée en exemple en matière de lutte contre les violences conjugales. Comme le mentionne Radio-France sur son site Internet dans un texte publié dans le cadre d’un reportage effectué dans l’émission France Culture et je cite : «En 2004, les députés espagnols ont voté à l'unanimité la loi de protection intégrale contre les violences de genre, avec des mesures comme la spécialisation des tribunaux et le bracelet électronique. De nombreuses autres mesures en découlent comme la mise en place d'un système informatique de suivi et de protection des victimes au niveau national et le port du bracelet anti-rapprochement par les agresseurs». Le modèle espagnol a fait ses preuves : le nombre de féminicides a diminué considérablement depuis l’adoption de la loi.
DES AGENTS PROTECTEURS AUPRÈS DES VICTIMES
Ces agents font partie de l'unité de protection des femmes au sein de la police municipale de Madrid. Ce sont des «agents protecteurs», comme ils se définissent eux-mêmes. Chaque cas de femme victime de violences conjugales est assigné à un policier de cette unité spécialisée qui devient son «agent protecteur». «Pour que le système de protection soit efficace, il faut connaître la situation personnelle de la femme, sa situation sociale et économique. Et si c'est le même policier à chaque fois. C'est la meilleure façon de savoir», explique Marta Fernandez Ulloa, la chef de l'unité de protection des femmes au sein de la police municipale de Madrid. Au total, il existe 380 policiers spécialisés sur ces questions au sein de la police municipale de Madrid.
«La police crée un lien de confiance avec la victime. Elle va raconter plus de choses à un policier référent qu'à une personne différente tous les jours» précise-t-elle.

80 des 380 agents spécialisés travaillent au siège de la police municipale, les autres sont répartis dans les autres commissariats de quartiers de Madrid. «Nous travaillons 365 jours par an, 24 h sur 24 de façon à ce qu'il y ait toujours des moyens policiers spécialisés en cas d'urgence pour n'importe quelle femme dans la ville de Madrid», souligne Marta Fernandez Ulloa, une policière énergique de 41 ans.
Le reportage et le texte publiés dans l’émission France culture de Radio-France ( https://cutt.ly/oTchNDx ) est extrêmement intéressant. Il explique en détails, comment le système fonctionne dans la vie de tous les jours, notamment avec la mise en fonction du «VioGen», un programme informatique de suivi et de protection. Pour évaluer le risque que court la victime, les policiers s'appuient sur ce système informatique en place au niveau national depuis 2007. Le programme est rattaché au ministère de l'Intérieur. VioGen («Vio» pour violence et «Gen» pour genre) permet de rassembler toutes les informations sur les victimes et les agresseurs présumés et condamnés.
QU’EN EST-IL AU QUÉBEC ?
Le ministre de la Justice et Procureur général du Québec, M. Simon Jolin-Barrette, a déposé le 15 septembre 2021, le projet de loi 92 visant la création d'un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale et portant sur la formation des juges en ces matières. «Nous ne voulons plus qu'au Québec, les personnes victimes hésitent à dénoncer et à porter plainte. Les initiatives contenues dans ce projet de loi contribueront à mieux accompagner les personnes victimes et à les soutenir tout au long de leurs parcours à travers le système de justice. Ce dernier ne doit plus être vécu comme une épreuve supplémentaire» a souligné le ministre de la Justice et Procureur général du Québec.
De plus, pour répondre aux préoccupations de la juge en chef de la Cour du Québec, Lucie Rondeau, le ministre Simon Jolin-Barrette créera une Division spécialisée en matière de violence sexuelle et de violence conjugale, qui fonctionnera à certains égards selon le modèle de la Cour des petites créances.
Cette division fera partie du tribunal spécialisé qui, lui, englobera tous les services en matière de violence conjugale et sexuelle, comme l'accompagnement des victimes et la formation des intervenants.

Malgré ces récentes annonces, il reste encore beaucoup de travail à faire au Québec avant d’en arriver à un modèle semblable à l’Espagne de façon à faire diminuer substantiellement le nombre annuel de féminicides. 

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